Au camp naturiste de Montalivet, l’ultime bataille de propriétaires nus, menacés d’expulsion – .

Au camp naturiste de Montalivet, l’ultime bataille de propriétaires nus, menacés d’expulsion – .
Au camp naturiste de Montalivet, l’ultime bataille de propriétaires nus, menacés d’expulsion – .

Les vagues battent inlassablement sur la plage 2 du Centre Hélio-Marin (CHM) de Montalivet (Gironde), le premier centre naturiste ouvert en France en 1950. Nous sommes fin août. Les vacanciers partent. Les habitués, les pionniers, les fidèles, les résidents à l’année se retrouveront entre eux. Certains campeurs, comme Guy et Jeanne Bergougnoux, professeurs d’éducation physique et animateurs, fréquentent le site depuis plus de cinquante ans. Chaque été, ils installent leur caravane dans la « zone ONF », ainsi nommée parce qu’elle appartient à l’Office National des Forêts. C’est la plus ancienne de « Monta », la plus belle, la plus proche de la mer. Le plus dur aussi : pas d’eau ni d’électricité, douches uniquement avec de l’eau froide.

A la fin de l’été, les Bergougnoux ferment leur « maison » : intérieur marbré, murs en liège, miroirs sculptés, meubles en cuir, rideaux en macramé, poignées chromées… L’auvent est soigneusement replié, la caravane prête à être tractée si besoin, le sol laissé propre. Comme chaque année. Sauf que cette fois flotte une atmosphère étrange sur le centre. Cet adieu est-il un adieu ? Le 3 mars, comme 59 autres résidents, Guy et Jeanne Bergougnoux reçoivent une lettre recommandée de la direction du CHM. Elle leur a annoncé le non-renouvellement de leur bail et l’obligation de déplacer leur caravane avant le 31 décembre 2022. Le 1euh Septembre, Guy répond, seul, s’extrayant du combat collectif qui se déroule.

« Suite à votre lettre d’expulsion de notre caravane, je vous demande de reconsidérer votre décision. A 50 ans, c’est plus facile de répondre à une telle exigence ; à plus de 80 ans, cette lettre est un véritable traumatisme. » Il a pesé chaque mot. Lui et Jeanne sont arrivés au CHM à Pâques 1967, ils y sont revenus chaque été. « Montalivet a été une grande partie de ma vie. J’ai adoré la liberté que j’ai trouvée ici, l’extraordinaire qualité des liens entre les gens », rappelle Guy Bergougnoux. Clown et acrobate, parfois programmé en première partie de Michel Delpech, Ringo ou des Frères Jacques, il assurait chaque année un spectacle dans la salle centrale, entourée d’arbres sur lesquels on grimpait pour mieux le voir déguisé en grand garçon. -mère, marchant sur les mains, donnant un spectacle intitulé CHM : Les cinq horribles musculos.

Dans un bar de la place du Châtelet à Paris, Noëlle Thomas prend une gorgée de son diabolo à la menthe. Le regard vague, un peu triste. Cadre de banque, elle est de retour chez elle après avoir passé plus d’un mois dans sa caravane, libre et nue, à « Monta ». “Mon paradis” elle sourit, de longs cheveux bruns s’enroulant autour de son visage élancé de presque cinquante ans. « Monta », elle y est arrivée très jeune. Elle se souvient des douches sous les arbres, des longues conversations sur la vaisselle, faites ensemble, de l’astronome venu leur parler des étoiles… Sa mère, 75 ans, y a désormais un bungalow. Noëlle a préféré l’austérité et le côté nature de la « zone ONF ».

Il vous reste 72,25% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.

Tags : naturiste camp Montalivet ultime bataille nus propriétaires menacés expulsion

Tags: camp naturiste Montalivet lultime bataille propriétaires nus menacés dexpulsion