Une mère, sa fille handicapée et la tentation d’en finir – .

Une mère, sa fille handicapée et la tentation d’en finir – .
Une mère, sa fille handicapée et la tentation d’en finir – .
Palais de justice de Saint-Omer (Pas-de-Calais), en 2016. PHILIPPE HUGUEN /AFP

Juste avant, il y a eu une affaire d’agressions à l’arme blanche dans un squat, sur fond d’alcool, de Subutex et de misère, accusée d’un prévenu déjà condamné par le passé pour le meurtre de son ex-compagne. Immédiatement après, un codétenu, avec dix-huit mentions à son casier judiciaire, comparaît pour extorsion.

Entre les deux, devant le tribunal correctionnel de Saint-Omer (Pas-de-Calais), ce mardi 4 octobre, il y a eu l’histoire de Corinne M.

Le matin du 22 février 2018, cette mère a injecté à sa fille Emilie une surdose d’insuline, puis elle a tenté de se suicider en s’injectant. Elle s’est allongée, a attendu, Emilie a crié. Corinne M. est allée réveiller son mari et lui a dit qu’elle avait fait ” un non-sens. » Il a immédiatement appelé les secours, la fille et la mère ont survécu. Emilie a alors 26 ans. Elle souffre d’une maladie neurologique très grave, le syndrome de Rett, diagnostiquée un an après sa naissance, qui la rend handicapée physiquement et mentalement, couplée à un diabète insulino-dépendant. Corinne M. a été mise en examen pour tentative de meurtre, elle encourt la réclusion à perpétuité, le juge d’instruction a requalifié les faits en « administration de substances nocives », un délit passible de trois ans d’emprisonnement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au tribunal de Toulon, l’exposition de la haine conjugale

La voix du président du tribunal, Olivier da Silva, s’est étouffée lorsqu’il a appelé le dossier numéro deux de l’audience du jour. Corinne M. a quitté le banc où elle était assise, entre son mari et son fils. Elle porte une robe au motif fleuri discret, assorti au bleu-vert de sa veste, et des collants sombres dans des chaussures à talons bas. Elle trébuche alors qu’elle s’approche de la salle d’audience et place ses mains jointes sur le bar.

« J’avais passé une nuit blanche. Ce matin-là, je me suis réveillé comme d’habitude. Emilie dormait. Je lui ai donné de l’insuline lente. Et je suis descendu pour lui préparer le petit déjeuner. J’ai ressenti une vive douleur dans la poitrine. J’en avais eu avant, mais pas si fort. J’ai paniqué. J’ai vu le kit sur la table. Ça m’a donné l’idée d’en finir. Alors je lui ai donné son insuline normale plus des doses. Je me suis injecté avec un stylo ouvert et un autre stylo. Je commençais à perdre connaissance quand Emilie a crié… »

Des nuits blanches, des journées consacrées à Emilie

Corinne M. n’avait pas dormi du tout depuis plusieurs semaines. “Je prenais des somnifères mais il fallait qu’il fasse léger pour que j’entende Emilie. » Depuis plus de vingt ans, elle levé deux fois par nuit en moyenne, “parfois plus”, surveiller la glycémie de sa fille et a tout noté dans un cahier. Le médecin qui a suivi Emilie a confirmé que son diabète était mieux contrôlé par sa mère qu’il aurait pu l’être par le personnel soignant. De plus, les rares fois où Emilie était confiée à un établissement spécialisé, une ou deux nuits par mois, son équilibre était fragilisé. « Et quand elle est revenue, elle me boudait. Je me sentais coupable, dit Corinne M.

Il vous reste 58,44% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.

Tags: Une mère fille handicapée tentation den finir