la courageuse conversion du docteur Paul Milliez au procès de Bobigny en 1972 – .

la courageuse conversion du docteur Paul Milliez au procès de Bobigny en 1972 – .
la courageuse conversion du docteur Paul Milliez au procès de Bobigny en 1972 – .

Il est l’un des héros méconnus du procès de Bobigny. L’un de ses “grands témoins” dont la déposition, le 8 novembre 1972, eut un retentissement considérable et – peut-être – fit pencher l’opinion du tribunal vers un jugement historique de clémence à l’égard de quatre femmes impliquées dans un avortement. “Un humaniste d’exception”, a déclaré l’avocate Gisèle Halimi, qui savait ce qu’il avait coûté à ce professeur de médecine, catholique fervent, profondément hostile à l’avortement, pour venir témoigner dans ce procès destiné à torpiller la loi de 1920 interdisant l’interruption de grossesse. ” Un chevalierse souvient de Bernard Kouchner, impériale et fraternelle, sincère et terriblement humaine. Il savait qu’il paierait cher son engagement à Bobigny. Mais comme toujours, il a choisi le courage. Et nous autres, jeunes médecins, avions pour lui une admiration sans bornes. » Robert Badinter en garde aussi un souvenir vibrant : “Million! il a dit. Cet homme intrépide, toujours au service des causes justes ! C’était un chrétien de gauche qui savait à quel point l’humanité souffre et souffre. Je me sens comme un frère d’esprit. »

C’est le professeur Jacques Monod qui avait conseillé à Mme.e Halimi de contacter Paul Milliez. Révolté par l’histoire de Marie-Claire Chevalier, violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour avoir avorté, le prix Nobel de physiologie et médecine avait en effet décidé de soutenir l’avocate dans sa volonté d’entreprendre, dès cette affaire , “Le grand procès de l’avortement”. Un procès qui n’aurait pas pour seul objet la défense des prévenus (la jeune fille, sa mère et trois “complices” l’avortement), mais viserait à ébranler la société dans son ensemble, provoquer le débat, ébranler les consciences, briser le tabou sur l’avortement et dénoncer la législation en vigueur. Un procès qui obligerait les pouvoirs publics à faire face à un phénomène qui touchait chaque année près d’un million de Françaises et faisait de nombreuses victimes. Un procès qui pointerait l’hypocrisie d’un système dans lequel les plus riches s’en tirent sans problème, au prix de voyages à l’étranger ou de séjours dans des cliniques privées, tandis que les plus pauvres, soumis à la “faiseurs d’anges”, ont risqué leur vie et ont subi les tourments de la justice. Bref, il fallait un procès politique. Le mot n’a pas effrayé Gisèle Halimi. La loi était son instrument, l’insoumission sa marque de fabrique, et son métier d’avocat un levier pour changer le monde.

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