Devant la porte d’un centre niçois, “il y a des files d’attente” – .

Devant la porte d’un centre niçois, “il y a des files d’attente” – .
Devant la porte d’un centre niçois, “il y a des files d’attente” – .

Ce matin-là, rue Dabray, la salle de réception est pleine dans ce centre des Restos du Coeur de Nice. C’est le plus grand de la capitale de la Côte d’Azur avec plus de 650 personnes qui y sont accueillies. « Ça se complique, lâche Gérard, animateur du lieu. On aimerait pouvoir recevoir tout le monde, même avec un petit café pour les faire patienter, mais c’est impossible. Certains jours, il y a même des files d’attente devant la porte. »

Mardi, l’association a lancé sa 38e campagne nationale sur “fond de précarité aggravée” avec une augmentation de 12% du nombre de personnes par rapport à avril dernier. Et dans les Alpes-Maritimes, « c’est de pire en pire », note le responsable qui note une hausse de 25 % dans le département. “Ce qui m’inquiète, c’est que les enfants d’aujourd’hui seront les bénéficiaires de demain”, souffle-t-il.

Choisir entre manger ou se chauffer

Les raisons de ces chiffres “alarmants” et de cette situation “sans précédent”, selon les mots du chargé de communication des Restos du cœur des Alpes-Maritimes, sont multiples. « Tout d’abord, le département est l’un de ceux qui ont accueilli le plus de réfugiés ukrainiens, qui sont tous inscrits pour recevoir une aide alimentaire, poursuit François Chantrait. Mais il y a aussi l’inflation qui touche d’abord les produits de base qui sont les principales races les plus fragiles. Ce qui rend la situation encore pire. Et avec la hausse des prix de l’énergie en janvier, nous aurons encore plus de monde. Certaines familles devront choisir entre manger ou se chauffer. »

C’est déjà le cas pour Marie, 35 ans, qui vient de Paris. « Je suis arrivée récemment à Nice, explique-t-elle. Les loyers sont moins chers mais il y a aussi un meilleur climat, ce qui signifie que vous portez moins de vêtements et donc moins de lessive. “Vêtue d’une doudoune et d’un short, elle n’aurait jamais imaginé franchir un jour les portes des restaurants. « J’ai perdu mon emploi, je n’ai que le RSA, lance cet ancien salarié du domaine médical. Pendant longtemps, j’ai vécu de petits boulots, mais on n’est jamais à l’abri de la misère qui arrive du jour au lendemain. Heureusement, il existe des structures comme celle-ci. »

Depuis octobre, elle vient dans ce centre une fois par semaine pour “une aide alimentaire” mais aussi “des vêtements” et des “livres”. Près d’elle ce jour-là, une autre bénéficiaire est servie par un bénévole. « A première vue, elle n’a pas l’air de venir aux Restos du cœur », commente Gérard. Nous avons beaucoup de gens comme ça, dont nous ne pouvons pas imaginer les problèmes. Il y a tellement de gens que vous rencontrez qui ne devraient même pas être précaires, qui dorment dans leur voiture pendant qu’ils travaillent, qui revendent chaque article pour pouvoir manger. »

La précarité a explosé dans les vallées

En plus des 19 centres des Alpes-Maritimes, l’association organise des « tours » dans les vallées pour apporter de la nourriture sur le site. François Chantrait explique alors : « Nous avons un indicateur significatif de la situation que nous vivons. Dans ces zones isolées, où il fait encore plus froid, la précarité a complètement explosé. Nous n’avons jamais vu cela. »

Gérard précise qu’il a déjà été sollicité pour ouvrir le centre de Dabray le samedi. “On se demande comment on va faire, mais on croit à la générosité”, a-t-il reconnu.

Les bénévoles craignent que “les gens qui donnent ne puissent plus le faire car ils en ont aussi besoin”. C’est aussi le cas des bénévoles, entre 650 et 700 dans le département, qui sont parfois encore plus touchés que ceux qu’ils aident. « C’est pour cette raison que notre appel s’adresse aussi à ces citoyens, sans eux, nous ne pourrions pas faire tout cela », précise Gérard.

Dans les Alpes-Maritimes, plus de 30 000 personnes sont accueillies par les Restos du Cœur, dont 800 enfants, et plus de 2,3 millions de repas ont été servis cette année.

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