pourquoi la France reste accro à ses 15 milliards de pots de yaourt en polystyrène – .

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Dans un supermarché parisien, en juillet 2022. RICCARDO MILANI / HANS LUCAS VIA AFP

Jimmy Pahun est député (MoDem) du Morbihan. Avant de se lancer en politique, il était navigateur : une transat AG2R remportée avec Alain Gautier, un tour de France à la voile et dix victoires au Spi Ouest-France. L’homme qui a découvert l’ampleur de la pollution plastique en naviguant sur les mers envisageait d’ajouter une ligne à sa liste : l’interdiction des emballages en polystyrène.

L’enjeu est de taille : on les retrouve dans la plupart des 15 milliards de pots de yaourt achetés (et jetés) chaque année en France, qui finissent en grande majorité au mieux incinérés, au pire dans la nature. Le polystyrène illustre cette menace protéiforme contre laquelle les États semblent enfin décidés à agir. Le principe d’un traité international sur le problème plus large de la pollution plastique a été validé en mars sous l’égide des Nations unies et un premier cycle de négociations s’est ouvert le 28 novembre à Punta del Este, en Uruguay.

Le député Pahun ne fera pas partie de la délégation française. Il a fait le tour des parlementaires et des salles de presse pour défendre son “Proposition de loi pour lutter contre les plastiques dangereux pour l’environnement et la santé”martelant ça“En 2050, l’océan contiendra plus de plastique que de poissons” et alertant sur la menace spécifique du polystyrène, cette “matériau toxique qui constitue plus d’un tiers des plastiques présents dans l’environnement”.

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La glace. Le projet de loi a été sabordé par son propre camp. Certes, il a été adopté discrètement le 6 octobre en première lecture par les députés, mais après avoir été vidé de sa substance. Exit toute référence au polystyrène. A la demande des élus de la majorité présidentielle, l’article premier visait « interdire les emballages alimentaires en polystyrène à partir du 1euh janvier 2025 » a été entièrement réécrit : sont désormais concernés par l’interdiction « emballages plastiques à usage unique non recyclables ». Une nuance qui change tout car les emballages en polystyrène sont désormais théoriquement « recyclables » même si dans les faits moins de 2 % sont recyclés dans les usines en Allemagne et en Espagne.

« Lobbying intense de la plasturgie »

“C’est une très forte déception et une très forte incompréhension”réagit Henri Bourgeois-Costa, chargé de plaidoyer à la Fondation Tara Océan, qui avait travaillé sur le projet de loi. “Le gouvernement n’a pas voulu l’interdiction”, dit-on dans l’entourage du député. “Le gouvernement et mon parti m’ont fait comprendre qu’on ne pouvait pas changer la loi en cours de route”, témoigne Jimmy Pahun. Dans le cadre de la révision du projet de loi climat et résilience, en 2021, le député avait déjà déposé un amendement pour interdire le polystyrène. Il avait cette fois été récusé par le Sénat.

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