Avocat et entraîneur, il a couché avec de jeunes footballeurs et apprentis – .

« Est-il courant que des jeunes dorment dans un cabinet d’avocats ou dans la même chambre d’hôtel que leur entraîneur de football ? » Dans sa réponse à cette question du président du tribunal de Boudry (NE), l’accusé répond sans hésitation. “Non. Cette proximité était une erreur de ma part. Mais je voulais les aider comme si j’étais leur père et non leur entraîneur. Je voulais qu’ils réussissent », a déclaré le prévenu d’une quarantaine d’années.

Avocat inscrit au barreau de Neuchâtel et ancien directeur technique d’un club de football de La Chaux-de-Fonds, il est poursuivi pour actes sexuels avec des enfants. Comme c’était déjà le cas entre 2012 et 2015, par d’autres jeunes gravitant dans le milieu du football. Il avait été condamné avec sursis avant d’être libéré au bénéfice du doute par le Tribunal cantonal de Neuchâtel en 2017.

Les gestes et comportements qui pourraient être trompeurs ne manquent pas. Trois jeunes critiquent sa présence alors qu’ils étaient nus sous la douche. L’un des plaignants lui a même reproché dans un message écrit de l’avoir forcé à se masturber. Un autre dit être anxieux depuis une nuit à Sochaux, où le coach dormait à côté de lui dans le même lit. Cette proximité avec des footballeurs juniors dans des hôtels ou des auberges de jeunesse a également semé l’incompréhension de la part du président de la Cour envers le prévenu qui avait déjà été impliqué dans une affaire de sexe similaire par le passé.

Dans la petite salle d’audience du tribunal de Boudry, des mères de jeunes ont eu bien du mal à cacher leur exaspération face aux réponses de l’accusé, qui nie avoir eu la moindre attitude pénalement répréhensible.

“Est-ce difficile de mettre de la distance entre les jeunes et vous ?” demanda le président. “Une fois qu’il y a des échanges, j’ai du mal à prendre mes distances avec tout le monde”, a répondu l’accusé qui est défendu par un trio d’avocats. « Ressentez-vous un désir sexuel pour les autres ? » poursuit le président. Le quadra répond qu’il en a pour sa femme. Là, le magistrat lui apprend que dans une vidéo du dossier, il dit n’avoir aucun désir sexuel pour sa femme. Le prévenu s’est alors lancé dans des explications alambiquées avant de déclarer que “la situation a changé”. Il a fini par affirmer qu’il souffrait de dysfonction érectile.

Face à l’hypothèse d’une mesure de distance vis-à-vis des jeunes en cas de condamnation, l’accusé semble se faire peu d’illusions. « Je n’ai pas commis les infractions dont je suis accusé. Mais, même si je suis acquitté, le passé me restera. Désormais, je veux consacrer mon temps à ma famille, mes amis et mon travail”, a déclaré le prévenu.

Le procès reprend à 13h30