Ces jeunes identités qui se mettent au vert – .

Ces jeunes identités qui se mettent au vert – .
Ces jeunes identités qui se mettent au vert – .

Il est un peu pâle, avec de grandes mèches brunes, une boucle d’oreille et un T-shirt foncé. Avec son allure de Nicola Sirkis, le chanteur d’Indochine, on imagine mal Raphaël Ayma, 20 ans, rompu aux travaux de terrain. Mais depuis qu’il a rejoint l’association Tenesoun, le jeune Aixois se contente de manier la pelle et la houe. Sur une photo postée sur les réseaux sociaux, on le voit torse nu participer à une séance de paillage » entre amis, une étape avant de planter courgettes, poireaux et légumineuses, qui seront ensuite vendus aux voisins.

Raphaël Ayma, 20 ans, sur un marché d’Aix-en-Provence, le 10 décembre 2022. Le jeune homme fait partie de l’association Tenesoun, un groupe d’ultra-droite héritier d’une mouvance néofasciste, qui prétend pratiquer une « écologie de terrain ». MARION BERRIN POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Malgré les apparences, Tenesoun, que Raphaël Ayma a rejoint il y a un an et demi, n’est pas un collectif paysan tranquille, mais un groupe d’ultra-droite héritier du Bastion social, un mouvement néofasciste dissous par le gouvernement en 2019 en raison de ses violences. . Contre toute attente, leur combat identitaire se pare désormais de vert. « Dans une société qui s’est tertiarisée, il est sain de retourner à la terre. Nous pratiquons l’écologie de terrain », explique Raphaël Ayma. Dans son salon, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il retrace en vidéo son parcours militant : le fils d’ouvriers qui a grandi dans un village de la périphérie d’Aix d’abord remorqué pour le Parti communiste puis engagés dans le mouvement des “gilets jaunes”. Son virage à l’extrême droite date de l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020. Lui, qui compte plusieurs professeurs dans sa famille, s’inquiète de la “super remplacement”, cette théorie du complot popularisée par l’écrivain Renaud Camus, trompeuse contre une supposée submersion de l’Occident par les populations migrantes.

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Raphaël Ayma apprend l’existence de Tenesoun grâce à des affiches collées dans le centre-ville d’Aix-en-Provence. Après une bière partagée dans leur local, il se sent chez lui dans cette association qui revendique 40 militants et 400 adhérents à Aix et Orange (Vaucluse). En plus des opérations d’agit-prop typiques de l’ultra-droite – marche en hommage à la jeune Lola assassinée derrière des banderoles » l’immigration tue, collage d’affiches “Nos villages ont besoin de services publics, pas de migrants” –, Tenesoun offre à ses membres la possibilité de travailler la terre à travers l’entretien du potager communautaire, de participer à des conférences sur l’écologie, des opérations de boycott d’Amazon ou encore la collecte de mégots.

«Je suis beaucoup plus écologiste maintenant que lorsque j’étais communiste productiviste. Raphaël Ayma, membre du groupe d’ultra-droite Tenesoun

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