En Hongrie, une lycéenne crache son slam au visage de Viktor Orban – .

En Hongrie, une lycéenne crache son slam au visage de Viktor Orban – .
En Hongrie, une lycéenne crache son slam au visage de Viktor Orban – .
Après le spectacle qui l’a rendue célèbre, Lili Pankotai a dû quitter son lycée pour un établissement plus progressiste à Budapest. Ici, le 5 décembre, dans un bar de la capitale. ANDI GALDI VINKO POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Pouvait-elle trouver un meilleur titre pour son texte ? À venir. Comme celui qu’elle et les milliers de lycéens descendent dans les rues de Hongrie depuis des semaines contre le Premier ministre nationaliste Viktor Orban rêve d’incarner. « Que vous le croyiez ou non/Je suis et nous sommes le présent/Ainsi que ce putain de futur », scande Lili Pankotai, 18 ans, dans le slam qui l’a rendue célèbre après avoir été déclamée du haut de la tribune de l’une des manifestations les plus imposantes du mouvement qui secoue actuellement le pays pour réclamer plus de liberté dans le système éducatif.

C’était à Budapest, le 23 octobre, à l’occasion de la commémoration de l’insurrection antisoviétique de 1956, transformée ce jour-là en une vaste manifestation pour soutenir les enseignants brutalement licenciés par le gouvernement pour s’être mis en grève. Prononcés avec détermination, ces quelques vers lus sur son téléphone portable résument tous les excès du Premier ministre qui dirige la Hongrie d’une main de fer depuis 2010 : « Douze ans d’amitié avec Poutine pourraient être gâchés / Mais les prix de l’énergie sont plus importants que l’Europe » ; « Ça me fait mal de voir que les jeunes d’aujourd’hui/Qui se battent pour eux-mêmes et leurs professeurs/On dit qu’ils sont des putains de libéraux » ; “Tu penses/Que tu peux effacer la pensée/Mon cul”

Ce texte devenu culte, elle l’a écrit ” en une heure “, un soir de mars dernier, sous le coup de la rage, en rentrant du lycée, raconte-t-elle début décembre, dans un café de Budapest. Après la réaction du chef de son établissement du sud de la Hongrie, où elle était stagiaire, elle a en effet préféré déménager dans la capitale. Le lendemain du discours, le directeur a publiquement pris ses distances avec son élève. « Nous rejetons avec la plus grande fermeté tout contenu de [ce slam] incompatible avec les valeurs chrétiennes », a posté sur Facebook le directeur de ce lycée catholique privé. Sentiment “repoussé”, l’adolescente aux longs cheveux blonds est désormais inscrite dans une institution plus progressiste.

Cible de plusieurs attaques

Dans son texte, Lili a certainement rayé ce lycée “chrétien conservateur” « papa est un homme, maman est une femme », qui cherchait à lui inculquer fidèlement les messages homophobes du pouvoir. Mais ce qui a visiblement le plus ulcéré le système, c’est qu’une jeune femme ose s’en prendre à Viktor Orban en usant d’une familiarité brute, dans le respect des codes du slam, cet art de la poésie déclamée et engagée. “Enfant soldat de gauche”, “Greta Thunberg hongroise” [ce n’est pas un compliment chez les Magyars]qui “mérite deux grosses claques”… les nombreux médias aux mains du pouvoir se sont déchaînés contre cette jeune fille qui n’a même pas encore son bac.

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Tags: Hongrie lycée école étudiant crache slam face Viktor Orban