Un jeu de société sur la désinformation créé à Montréal – .

Le principe du jeu de société Lézards et mensonges est simple : sur le champ de bataille des médias sociaux, les trolls et les théoriciens du complot affrontent les modérateurs de la plateforme et les éducateurs en littératie numérique. L’équipe première, les propagateurs, gagne des points en diffusant des informations erronées. La deuxième, décrypteursgagne des points en le freinant.

Si le scénario peut sembler ludique, sa vocation est avant tout pédagogique. Il peut être un outil très utile dans les écoles secondaires, les cégeps ou les universités pour stimuler les discussions sur le fonctionnement des réseaux sociaux, sur les algorithmes de recommandation, sur les chambres d’échodéclare le concepteur de jeux Scott DeJong, étudiant au doctorat en communications à l’Université Concordia.

Dans Lézards et mensongesles trolls et les théoriciens du complot se heurtent aux modérateurs de la plateforme et aux éducateurs en littératie numérique.

Photo: Marc Lajeunesse

Avant d’être développé grâce à des subventions du gouvernement du Canada dans le cadre du Programme de contributions des citoyens numériques, Lézards et mensonges était un projet scolaire de Scott DeJong pour un cours sur les jeux de guerre et la simulation de conflits.

Je ne comprenais pas grand-chose à la guerre, mais je connaissais beaucoup les études sur les médias et l’information. Et dans ce monde, ça parle beaucoup de la guerre de la désinformationexplique l’étudiant montréalais.

Pour bien comprendre les mécanismes sous-jacents de la circulation de l’information sur le web, Scott DeJong a fait appel à Marek Blottière, étudiant à la maîtrise en études culturelles à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Forts de leurs recherches, les deux jeunes hommes ont constaté que le champ de bataille numérique ne fonctionne pas de la même manière qu’un lieu de combat militaire.

Au départ, le jeu avait des lignes de bataille comme on le voit dans les guerres, mais ce n’est pas ainsi que fonctionnent les médias sociaux. Il s’agit plutôt d’un flux continu d’informations, et nous voulions que le jeu puisse représenter cela en faisant circuler des informations entre différentes communautés ; que les informations proviennent de TikTok, mais sont ensuite transférées sur Facebookillustre Scott DeJong.

Le concepteur de Lézards et mensongesScott DeJong (à gauche) et l’assistant de recherche du projet Marek Blottière (à droite).

Photo : Radio Canada

Le web représenté sur un plateau de jeu

Fidèle à la réalité, le plateau de Lézards et mensonges n’est pas linéaire : il est composé d’une série de nœuds qui représentent des réseaux sociaux distincts et les sujets de discussion qui s’y déroulent. Leurs noms sont des clins d’œil aux principales plateformes de notre époque : Thoughtbook, TikTak, Shreddit et MeTube, pour n’en citer que quelques-unes.

Les nœuds sont tous interconnectés par des lignes, qui représentent des canaux de communication sur tout le Web. L’information circule rapidement d’une communauté à l’autre au sein de ces réseaux sociaux, voire d’un réseau à l’autre.

Les informations sont représentées par des jetons. Les épandeurs peuvent placer de petits lézards ou de petits oiseaux sur le plateau de jeu, et les décrypteurs sont armés de cerveaux et de drapeaux.

Les lézards font référence à la théorie reptilienne et les oiseaux à la théorie satirique du complot selon laquelle les oiseaux sont en fait des drones de surveillance. Les cerveaux représentent la pensée critique et les drapeaux peuvent être utilisés par les modérateurs de la plateforme pour signaler la désinformation.

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Certaines parties de la version prototype de Lézards et mensonges sont imprimés en 3D.

Photo: Marc Lajeunesse

Les actions des joueurs sont guidées par un scénario et diverses cartes actions qui déclenchent des événements qui font circuler l’information dans les réseaux sociaux. Actuellement, il n’y a qu’un seul scénario – celui d’une campagne électorale perturbée par des théories du complot – mais d’autres scénarios pourraient émerger si l’équipe de Scott DeJong obtenait plus de financement.

Cet article a paru initialement dans l’édition du 24 décembre du Décrypteurs. Pour obtenir un contenu exclusif comme celui-ci, ainsi que des analyses sur tout ce qui concerne la désinformation sur le Web, abonnez-vous en cliquant ici.

De Montréal à la Lituanie

Lézards et mensonges entrera bientôt dans les écoles secondaires en Lituanie – dans la version lituanienne, bien sûr.

Cela peut surprendre, mais le pays est confronté à de nombreux problèmes de désinformation, notamment en ce qui concerne la guerre en Ukraine et la désinformation russe.explique Scott DeJong, rappelant la proximité géographique entre la Lituanie et ces deux pays.

Lorsqu’ils ont entendu parler du projet, l’ambassade du Canada en Lituanie m’a contacté et nous avons travaillé avec eux et le ministère de la Défense là-bas pour créer une version du jeu pour eux. Il est intéressant de voir que le jeu peut être adapté à différents contextes mondiauxil ajoute.

Lézards et mensonges est un projet à but non lucratif : n’importe qui peut imprimer toutes les cartes et pièces nécessaires à partir de son site officiel. Il existe également un prototype de plateau de jeu avec des pièces imprimées en 3D, ainsi que des versions anglaise et française des cartes d’action et des règles.

J’ai l’intention d’approcher les fabricants pour que nous puissions produire des copies du jeu pour le grand public, mais il sera vendu au prix coûtant, plus les frais de port, de telle sorte que je n’empoche rienexplique Scott DeJong.

Des séances de jeu ont eu lieu dans plusieurs cours de l’Université Concordia au cours des derniers mois, et des professeurs de l’Université Carleton à Ottawa ont également manifesté leur intérêt pour le projet.

Avec les informations d’Alexis De Lancer

>>>>>Décrypteurs. Marie-Pier Elie, Jeff Yates, Nicholas De Rosa et Alexis De Lancer.>>>>>

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