L’enseignante autochtone Elisabeth Kaine est décédée – .

L’enseignante autochtone Elisabeth Kaine est décédée – .
L’enseignante autochtone Elisabeth Kaine est décédée – .

La professeure-chercheuse, artiste et designer wendat Élisabeth Kaine est décédée le 29 décembre d’un accident vasculaire cérébral. Professeure agrégée à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), où elle a enseigné à partir de 1989, Mme.moi Kaine a notamment cofondé la Bright Red Box, un organisme autochtone à but non lucratif pour la préservation, la transmission et la promotion du patrimoine culturel autochtone.

Elle a été conservatrice de l’exposition permanente au Musée McCord, Voix autochtones aujourd’huiet a également travaillé sur la recherche derrière l’exposition C’est notre histoireconsacrée aux Autochtones au Musée de la civilisation de Québec.

Mais au-delà du travail mené dans ces deux institutions, Élisabeth Kaine, spécialisée dans le design et la culture matérielle, a beaucoup travaillé dans les communautés indigènes, sur le terrain, pour amorcer un travail de décolonisation. Elle a notamment collaboré avec le Musée des Abénakis d’Odanak. Son collègue de la Bright Red Box, Denis Bellemare, également professeur agrégé à l’UQAC, se souvient qu’à son arrivée à l’université en 1989, Mme.moi Kaine avait exprimé son intention de « travailler dans les communautés avec les artisans » et d’y offrir une formation. Elle a également été, avec Mathieu Cook, cotitulaire de la Chaire UNESCO en transmission culturelle chez les Premiers Peuples comme dynamique de bien-être etautonomisation.

Si Denis Bellemare note aujourd’hui qu’Elisabeth Kaine a eu “une énorme influence” sur de nombreux chercheurs, dont Jean-Philippe Warren et Denys Delâge, cette reconnaissance a tardé à venir, dit-il.

“Elle était très déterminée, mais très douce”, dit-il. Elle avait un objectif très précis, mais il lui a fallu beaucoup de temps pour avoir une reconnaissance institutionnelle. »

Dans un article au titre ironiqueRécit d’une incursion aborigène en territoire muséalpublié dans la revueSérie d’études ICOFOM en 2021, Elisabeth Kaine a partagé comment la mise en valeur de leurs réalisations autonomisait les membres des communautés autochtones.

« Dans un contexte où je peux m’assurer de ne jamais perdre de vue cet objectif d’épanouissement, je reste convaincu que ce médium demeure l’un des outils les plus puissants deautonomisation et rencontres interculturelles. Les projets d’exposition réalisés en mode collaboratif avec les Premiers Peuples les aident à mieux nommer leur propre culture, à la valoriser et à la transmettre », écrit-elle.

Cela dit, dans le même article, Elisabeth Kaine décrit aussi longuement l’impression persistante de ne pas être écoutée dans ses échanges avec les institutions muséales.

« L’impression de l’expérience vécue dans cet Autre territoire peut être décrite ainsi : même lorsque je me suis sentie écoutée au début du mandat, cette écoute s’est rarement concrétisée dans l’exposition », écrit-elle. Elle précise également que « le ‘je’ est ici englobant les voix des centaines de membres des Premières Nations que j’ai rencontrés dans le cadre de mes activités de recherche ».

Désapprendre d’abord

Selon elle, la seule façon de décoloniser les musées est que ces institutions « désapprennent » leurs habitudes. « Pas de décolonisation des musées sans des changements presque complets dans les façons de faire, ce qui implique d’abord un « désapprentissage ». »

Si, à la veille de sa mort, Elisabeth Kaine constatait les progrès accomplis en ce sens, elle a aussi compris qu’il y avait encore “un long chemin à parcourir”, poursuit Denis Bellemare.

« Ce n’est pas tout à fait noir, dans le sens où maintenant on nous demande notre avis. Il y a 15 ou 20 ans, on ne nous le demandait jamais, racontait Elisabeth Kaine dans une interview début décembre Devoir. L’Ouest canadien a été à l’avant-garde du changement, y compris le Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique. Au Québec, c’était lent. »

Au moment où ce mouvement semble prendre son envol au Québec, le décès soudain d’Élisabeth Kaine pourrait avoir un effet cruel sur le monde muséal.

« L’annonce de son départ précipité est une telle tristesse et une énorme perte pour la communauté muséale », a écrit lundi Marc-André Champagne, responsable des relations publiques du Musée McCord Stewart. J’ai eu très peu d’occasions de lui parler, mais elle avait une aura assez exceptionnelle et faisait preuve d’une grande sagesse. Ne plus pouvoir bénéficier de son savoir est un véritable drame. »

A voir en vidéo

Tags: Lenseignante autochtone Elisabeth Kaine est décédée