Quelques jours après la sortie de son nouvel album Est-ce toi?Ben (L’Oncle Soul) répond à quelques questions, toujours ‘Sans Filtre’ sur aficia !
Une superbe année 2022 vient de s’écouler pour Bien après la sortie de son album de reprises de reggae intitulé Rouge mangue. Maintenant de retour avec Est-ce toi? , un nouvel album de chansons originales, l’artiste s’est confié à aficia sur ce projet pensé pour être plus lisible. Particulièrement riche, cet entretien a été réalisé en deux parties. Le premier, publié en fin d’année dernière sur notre site, est consacré à son enfance, son parcours, ses victoires et ses déceptions. Notre interview se poursuit sur son nouveau projet musical.
Entretien enregistré le 12 novembre 2022
Eh bien, l’entretien !
Bonjour ben! On se retrouve pour la seconde partie de cet entretien non filtré. Peux-tu nous parler de la genèse de ce nouvel album ?
Est-ce toi? est né d’un questionnement sur le berceau de la création, du piano qui trône chez moi dans mon salon, qui m’a regardé et m’a dit : ” mec, tu ne t’intéresses pas beaucoup à moi en ce moment ! (Des rires). Et comme c’était le confinement, j’ai dû m’asseoir devant cet instrument, pour y passer du temps. Quelque chose que j’avais un peu arrêté de faire… J’ai effectivement commencé la musique comme ça, il y avait un piano chez ma mère et je passais des heures à trouver des mélodies, à chercher des accords qui me plaisaient. Puis j’ai rencontré des musiciens plus expérimentés, qui sortaient des écoles de jazz donc ils avaient clairement un niveau au dessus en terme de musique quand j’ai commencé à chanter. Alors, peut-être par timidité ou autre chose, je me sentais un peu inférieur au niveau de la musique, je leur ai toujours demandé de faire mes disques. Mais ensuite je me suis dit, si on coupe tout, tu fais quoi ?“. Es-tu capable de faire de la création, de la musique ? Ou avez-vous besoin d’autres pour le faire?
Et je me suis dit que j’allais reprendre ce rituel que j’avais et cette conversation entre mon piano et moi pour créer seul, dans mon coin. Et évidemment, c’est l’attrait positif du Covid et de ces deux ans et demi, presque trois, d’être un peu isolé. Mais je pense que c’est aussi l’apport d’un artiste, on va pouvoir créer à partir de zéro et c’est ce que j’ai fait. Et je me suis posé en même temps, par rapport aux thèmes des chansons, toutes ces questions sur des choses très simples, d’émerveillement, notre capacité à voir, sentir, sentir et les textes sont une jolie ballade dans toutes ces couleurs de sensations et de perception.
Alors vous avez réussi à puiser votre inspiration durant cette période de Covid, cela n’a pas été un frein pour vous ?
Justement, j’ai utilisé la création pour continuer à me stimuler, pour ne pas perdre pied non plus et pour me protéger aussi. J’ai toujours créé ma bulle artistique pour me protéger et prendre un peu de distance par rapport à ce que nous vivions.
J’ai eu un gros coup de cœur pour « The Greatest » qui est un morceau très fort. Pouvez-vous nous parler de cette pièce ?
C’est vraiment super que tu me dises ça car ce n’est pas un morceau que j’ai choisi comme single pour l’album mais c’est un morceau qui a une importance particulière puisque c’est le premier morceau que j’ai composé pour le projet. Si on compare cette chanson à une construction, je dirais que c’est la première pierre et c’est toujours la plus importante puisque c’est celle qui va nous permettre de nous donner une direction.
Et “The Greatest” est vraiment ce qu’elle a fait. J’ai essayé de simplifier au maximum tout ce que j’avais compris et appris en musique. J’ai essayé de simplifier. J’avais besoin d’une mélodie vocale, j’ai une voix donc pas besoin d’ajouter dix mille tours, j’ai posé quatre accords et j’avais besoin d’un petit truc musical et c’est ce petit jitter qui revient tout le temps. J’avais ma mélodie, mes accords et il me fallait juste une rythmique puis une ligne de basse qui tue.
Je suis ensuite allé voir mes musiciens à la sortie du confinement pour enregistrer tout cet album. Je ne leur avais pas envoyé les morceaux avant, ils sont arrivés en studio avec leurs instruments mais ils ne connaissaient pas les morceaux. C’était très perturbant pour eux. (Des rires). Mais quand je leur ai fait écouter les chansons, ils ont trouvé ça tellement simple. Ils ont tout de suite compris le projet dans sa simplicité et ils ont accompagné les pièces. Tout de suite, c’est fait ! Eh bien, je fais de la musique avec eux depuis quinze ans, donc il n’y a pas de secret.

N’aimeriez-vous pas faire de « The Greatest » un prochain single ?
Sur scène on le joue déjà, on a fait plusieurs concerts que ce soit en France ou en Allemagne. Et ce morceau, c’est vrai que quand on le joue, il se passe quelque chose dans la pièce. C’est aussi parce que j’avais dit au public que c’était le premier morceau que j’avais fait, ce qui donne au public une certaine attente vis-à-vis de la couleur du nouvel album. Et quand ils ont entendu les premières notes, j’ai eu des retours très positifs sur la beauté, l’efficacité et la simplicité du morceau.
En effet, je pense que ce morceau a un gros potentiel et je risque de finir par le clipper car j’ai déjà des idées. C’est un morceau vraiment édifiant, c’est vraiment ce morceau qui m’a donné envie de créer un nouvel album.
Pourquoi le nom « The Greatest » ?
La chanson s’appelle ainsi en hommage à Mohamed Ali, considéré comme le meilleur boxeur et sportif de tous les temps. Là, je voulais juste trouver ce gimmick qui dit que la plus grande chose, c’est vous-même. Il n’y a rien de plus fort que quelqu’un qui se lève, qui est complètement là et qui a envie de faire des choses… surtout de la musique.
Y a-t-il une chanson en particulier sur laquelle vous aimeriez revenir ?
Oui, “Est-ce que c’est toi?” ! C’est le titre qui a donné son nom à l’album, je l’ai trouvé intéressant. Je cherchais un nom d’album mais il y a ce truc un peu trop cérémoniel donc je me suis dit que toutes ces chansons ont des perceptions et des couleurs différentes mais il y a toujours ce même questionnement, ce point d’interrogation qui est à l’origine de cet album.
C’est très intéressant, c’est en quelque sorte le fil rouge de cet album…
Voilà, alors c’est le morceau le plus groove de cet album je trouve, il a un groove très intéressant, très raffiné, très dépouillé mais ça donne vraiment envie de danser, j’adore ce morceau aussi.
Tu es revenu avec un style Soul mais aussi RnB comme il y a quelques années après un projet aux influences reggae. Le RnB est une musique qui vous inspire beaucoup ?
En fait, là où on a de la chance, c’est que depuis 10 ans, il y a eu un retour en force autour du RnB, notamment à travers les artistes anglais. je suis un grand fan de jorja Forgeron en particulier, il y a PJ Morton qui continue de lâcher des bombes, c’est vraiment génial, ça continue de m’inspirer énormément aujourd’hui. J’ai pu mettre les premiers titres de marcheur d’été dans mon MP3 tous les jours de ma vie, j’ai dû en mettre huissier car le remix de son premier titre est carrément de ouf. Il s’est passé plein de choses dans le RnB qui continuent de me motiver et d’alimenter mon imagination.
Je peux nommer des artistes vraiment incroyables dans ce retour du RnB comme Teyana Taylor qui vient d’une autre planète, c’est incroyable d’avoir autant de talent, que ce soit danser, chanter, rapper, il n’y a pas de limites à son flow, elle peut même faire du jazz si elle le veut. D’ailleurs, c’est vraiment comme les sportifs d’aujourd’hui, leur capacité à faire beaucoup de choses, ils sont très sportifs et les artistes d’aujourd’hui sont aussi, sans doute, dans une souplesse, par leur curiosité, qui leur fait arriver à aller prendre des artistes très différents et faire un une sorte de résumé d’eux, pour les intégrer et pouvoir être eux-mêmes. Je pense que c’est vraiment génial, je l’apprécie en ce moment. (Des rires)
Comment résumeriez-vous votre album ?
C’est un album assez court d’une certaine manière, même si les titres ne le sont pas. En gros il y a neuf titres, j’ai essayé de me concentrer sur l’essentiel. Comme c’est un album, je ne parlais pas beaucoup de ma façon de voir la vie. Et je trouve qu’il est conçu avec très peu. J’ai donc essayé de faire un album suffisamment court pour être aussi évident.
Aussi, j’ai monté mon label. C’est assez significatif mais pour moi c’est le premier disque avec mes créations dessus que je propose et je voulais que ce ne soit pas trop compliqué à comprendre, ça me donne une direction pour continuer à faire des albums. Je n’ai pas cherché à m’enterrer sous une tonne de chansons et de directions, j’ai fait un album assez lisible et assez simple.
C’était aussi un peu le cas sur un de vos précédents albums : Accro à vous. Je trouve que ça a ce côté plus percutant.
C’est tout et c’est peut-être plus identifiable à la fin aussi. Je le compare à des films de 3 heures. Maintenant, ils continuent de sortir des films de 3,5 heures, mais je ne peux pas vraiment. C’est trop long, c’est comme s’il y en avait deux à la suite ou deux en un… Quelque part, je préfère répéter des albums, j’en ai déjà six et j’espère en faire une vingtaine mais je préfère répéter le mouvement et qu’on se souvienne des albums puisqu’aujourd’hui, on n’est plus dans la culture de l’album, on est tellement dans une culture de la playlist où l’on met un titre ici, un titre par lequel se souvenir d’un album est très compliqué !
Et du coup dans cette démarche, je me dis que faire des albums, pas forcément courts, n’est pas forcément dans leur durée, mais dans le geste et le tempérament du disque. Cela devrait être cohérent. Tant que ça marche et que c’est clair, je peux mettre 32 titres dessus, ce n’est pas la question mais ça doit rester dans un geste, dans un mouvement. Il y a un début et une fin. Je me débrouille pour identifier et analyser les énergies de mes albums.
Quels arguments donneriez-vous pour que le public découvre votre nouvel album Est-ce toi? ?
Pour moi, s’il y a bien un moment pour écouter l’album : c’est un dimanche. Un dimanche où l’on nettoie la maison, tu as envie d’être au calme, de te mettre dans l’ambiance pour commencer la journée, tu fais ce trajet d’une heure avec moi où je t’emmènerai avec ma voix et tu essaieras de rencontrer des couleurs, des sensations , vous découvrirez des pays jamais visités auparavant.
Enfin, que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?
Beaucoup de succès pour ce disque, pour les concerts et la santé… Oui, la santé avant tout, sans ça on n’a pas grand chose.
Chez aficia, nous vous le souhaitons sincèrement ! Merci encore d’avoir répondu à l’invitation.
Quoi qu’il en soit, merci pour le partage, c’était mortel. Et j’espère à très bientôt !
Découvrir Est-ce toi?Le nouvel album de Ben :
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