Les manifestations se multiplient, quatre jours après la catastrophe ferroviaire qui a endeuillé la Grèce. A Athènes, une nouvelle manifestation, qui doit réunir étudiants et cheminots, est prévue dimanche matin. Vendredi soir, une manifestation a réuni 3.000 personnes dans la capitale, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes contre un groupe de manifestants qui leur ont jeté des pierres et incendié des poubelles. La police avait également brièvement utilisé des gaz lacrymogènes plus tôt à Thessalonique, où un nombre similaire de manifestants avaient défilé.
La colère est surtout dirigée contre la compagnie ferroviaire grecque Hellenic Train. Le mot “Assassins” a été peint vendredi matin en lettres rouges sur la vitrine du siège à Athènes de cette société devant laquelle plus de 5.000 personnes se sont rassemblées. L’entreprise est mise en cause pour de nombreuses négligences et manquements qui ont conduit à cette catastrophe, qualifiée de “tragédie nationale” par les autorités, et qui a bouleversé la Grèce.
“La plus grande tragédie de notre histoire”
Les manifestants étaient également 700 à Larissa, la ville la plus proche du lieu de l’accident dans le centre du pays, et 500 à Patras, ville universitaire du Péloponnèse, selon la police. “Nous vivons la plus grande tragédie de notre histoire”, a déclaré à l’AFP la direction de l’université Aristote de Thessalonique, qui, avec plus de 5.000 étudiants, est la plus grande du nord de la Grèce. Neuf étudiants de cette université sont morts.
A Thessalonique, deuxième ville du pays où de nombreuses victimes étudiaient, des jeunes réclament des comptes et la vérité malgré le mea culpa du gouvernement sur les défaillances « chroniques » du réseau ferroviaire qui ont conduit à l’accident. « Nos morts sont leurs profits. Nous ne vous oublierons pas », proclame une banderole à l’entrée principale du ministère de l’Agriculture.
“Nous sommes remplis de rage et ne pouvons pas accepter qu’un événement aussi tragique puisse se produire en 2023, avec des dizaines de vies perdues, dont de nombreux camarades de classe”, a déclaré le président du syndicat étudiant Angelos Thomopoulos. que la plupart des universités sont restées fermées vendredi.
Le chef de gare risque la prison à vie
Vendredi matin, la police grecque avait perquisitionné la gare de Larissa, à la recherche des causes du drame. Le chef de gare, 59 ans, qui a reconnu sa responsabilité dans l’accident, doit être entendu par la justice de Larissa. Il risque la prison à vie s’il est reconnu coupable. Des médias, dont la chaîne de télévision publique ERT, ont souligné son inexpérience puisque, selon eux, il n’avait été nommé à ce poste qu’il y a 40 jours après un emploi au ministère de l’Éducation et une formation de trois mois.
Selon une Source judiciaire, l’enquête en cours vise “à engager des poursuites pénales, le cas échéant, contre des membres de la direction de la société” Hellenic Train. Elle a confirmé que “des fichiers audio, des documents et d’autres éléments de preuve pouvant aider à clarifier l’affaire et à attribuer la responsabilité pénale ont été saisis” à la gare de Larissa.
La justice et la population veulent comprendre pourquoi un train transportant 342 passagers et dix cheminots a été autorisé à emprunter la même voie unique reliant Athènes à Thessalonique en tant que convoi de fret. Les trains n’ont pas circulé jeudi et vendredi après un appel à la grève des syndicats des cheminots. L’appel a été renouvelé vendredi pour 48 heures supplémentaires.
20 Minutes avec l’AFP
