« Il va y avoir une ambiance match de foot ! », promis, vendredi 3 mars, les Brésiliens se sont réunis dans les allées de la CPAC (Conservative Political Action Conference). Ils faisaient référence à l’intervention, attendue le lendemain, de leur ex-président, Jair Bolsonaro, devant les centaines de participants à ce grand meeting de la droite trumpiste dans un hôtel du Maryland, dans la banlieue de Washington.
Accueil chaleureux de la droite pro-Trump
L’élu déchu s’est exprimé aux côtés d’une myriade de stars du mouvement « Maga » (“Rendre l’Amérique encore plus grande”ou “Make America Great Again”) lancée par Donald Trump en 2016 : le vendeur d’oreillers conspirateur Mike Lindell, la députée extrémiste Marjorie Taylor Greene, le stratège Steve Bannon… Sans oublier l’ancien président américain lui-même.
“Quand j’étais au pouvoir, ma relation avec Donald Trump était tout simplement exceptionnelle”, a lancé Jair Bolsonaro à la foule, composée notamment de Brésiliens conservateurs venus l’écouter avec des drapeaux. Et pour se féliciter : “J’ai été le dernier président à reconnaître les résultats des élections de 2020”, remporté par Joe Biden.
Parti s’installer dans la banlieue d’Orlando (Floride) avec un visa diplomatique après sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva, fin 2022, le sulfureux conservateur fait sa vie loin du Brésil, où il est notamment visé par une enquête sur son rôle présumé dans l’invasion du Congrès et d’autres lieux de pouvoir au Brésil le 8 janvier par ses partisans – il nie toute implication dans l’attaque. Ce dernier est intervenu presque un an jour pour jour après que les partisans de Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021.
L’ancien chef d’Etat brésilien n’a pourtant pas disparu des écrans radar. Ses partisans aux États-Unis, dont certains campent devant sa résidence en Floride, publient régulièrement des vidéos de lui marchant dans la rue ou faisant ses courses au supermarché en tenue décontractée.
“Cette mission n’est pas terminée”
Celui qu’on a surnommé “Atout des tropiques” n’hésite pas à faire de la politique. Avec l’aide du camp trumpiste. En février, il était notamment l’invité d’honneur de Turning Point USA, une association de défense des valeurs conservatrices sur les campus universitaires américains. Elle a été fondée par Charlie Kirk, un jeune protégé de l’homme d’affaires américain.
L’apparition de Bolsonaro au CPAC, un habitué de longue date de son fils Eduardo, souligne les liens entre les mouvements populistes qui ont émergé dans les deux pays ces dernières années. Steve Bannon, l’un des artisans de la victoire surprise de Donald Trump en 2016, avait été consulté par Jair Bolsonaro lors de sa première campagne présidentielle réussie en 2018 au Brésil. Dans le cadre de ses efforts d’internationalisation, CPAC a lancé une édition à São Paulo en 2019.
Samedi, Jair Bolsonaro a ravi son auditoire américain en évoquant pendant une vingtaine de minutes son opposition aux vaccins pendant la pandémie et à l’avortement, ainsi que sa politique pro-armes à feu. Errant sur la scène de l’événement, il a suggéré via un interprète qu’il avait l’intention de se produire. “Aujourd’hui, je remercie Dieu pour ma seconde vie et pour la mission de servir en tant que président du Brésil pendant un mandat. Mais je sens au fond de moi que cette mission n’est pas terminée. »
Autre point commun avec Donald Trump, candidat déclaré aux primaires républicaines pour 2024. Rencontrée au CPAC, la Brésilienne Ana Maria Brandão, présidente d’une société d’interprètes du Massachusetts, s’emploie à mobiliser sa communauté derrière cette nouvelle campagne. « Biden est Lula, Trump est Bolsonaro, elle résume. Lorsque les deux derniers étaient en affaires, nos deux pays allaient mieux. »
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