Marie-Ève Roger se souvient encore d’une époque, il y a un peu plus de vingt ans, où elle ne pouvait pas entrer dans le vestiaire alors qu’elle était le médecin de l’équipe ce jour-là.
« C’était Raymond Bolduc qui était le directeur général à l’époque, se souvient le Dr Roger, qui travaille avec les Remparts depuis près de deux décennies et qui est également consultant en orthopédie pour l’équipe. À un moment donné, ce sont des collègues masculins qui lui ont fait comprendre que j’étais là pour les soigner ! »
Mais si elle a aussi dû subir des blagues salaces ou encore rejeter des avances au fil des années, Marie-Ève Roger constate que les mentalités ont évolué.
« Ce n’est pas parfait, mais ce n’est pas seulement le hockey, c’est partout dans la société. Mais au cours des 20 dernières années, les choses se sont nettement améliorées », souligne-t-elle.
Et cela a également été confirmé par le Enregistrer plusieurs femmes impliquées dans la LHJMQ et à qui nous avons parlé au cours des derniers jours.
Car si Nicole Bouchard, directrice des services aux équipes et des relations médias chez les Remparts – et aussi « véritable directrice générale » de l’équipe, selon Patrick Roy –, a fait sa place au sein du circuit en un an, de plus en plus de femmes l’intègrent.
Plus nombreux qu’ailleurs
Il y a huit thérapeutes sportifs en chef parmi les 18 clubs de la ligue.
Ce nombre place la LHJMQ loin devant la Ligue de l’Ontario (3), la Ligue américaine (1) et très loin devant la Ligue de l’Ouest et la LNH… qui n’en ont pas, selon les chiffres qui nous ont été fournis par la Corporation de Thérapeutes du sport du Québec.
Passionnée de hockey depuis sa jeunesse, Katerine Aubry-Hébert est devenue, en 2021, la première recruteuse du centre d’aide au recrutement du circuit.
Photo fournie par les Remparts
Marie-Ève Roger, une des médecins des Remparts.
Le premier recruteur
Mme Aubry-Hébert, qui travaille également pour Hockey Québec, avait auparavant occupé le poste de coordonnatrice des opérations hockey pour la LHJMQ pendant quatre ans.
C’est son ancien manager qui l’a approchée pour le poste de dépisteur, bien conscient qu’elle suivait le hockey de très près.
« Nous allions ensemble aux matchs de hockey. Il savait que j’étais passionnée, souligne-t-elle. Un été, il m’a appelé pour me dire que ce poste était disponible. »
Mme Aubry-Hébert a ensuite discuté avec Pierre Cholette, le directeur de la Centrale, puis a obtenu le poste qui “n’était pas dans ses plans, mais qui représente une belle opportunité”.
L’intégration s’est très bien passée, dit-elle.
« Extrêmement bien reçu »
“Les dépisteurs de la ligue avec lesquels je travaille plus conjointement et les dépisteurs de l’équipe m’ont très bien accueilli. »
« Ils étaient très gentils. Ils ont beaucoup échangé avec moi, j’ai pu apprendre beaucoup de certains d’entre eux », ajoute celui qui patrouille les arénas de la Rive-Sud et de la Rive-Nord de Montréal pour évaluer les joueurs de niveau midget. AAA et midget espoir.
Mais même si elles se sentent incluses au sein de la LHJMQ, plusieurs femmes croient qu’il y a encore du travail à faire pour qu’elles soient de plus en plus nombreuses.
« C’est un travail continu. Il y en a encore peu à certains niveaux », explique Noémie Chartier-Lefrançois, la première femme à occuper le poste de thérapeute en chef aux Olympiques de Gatineau, et qui cite notamment les opérations hockey.
Une touche féminine qui peut aider une équipe
Photo gracieuseté de BAIE-COMEAU DRAKKAR
La thérapeute sportive en chef du Drakkar de Baie-Comeau, Mariane Allard, aide un joueur de l’équipe blessé sur la glace lors d’un match.
Qu’elles soient médecins ou thérapeutes du sport, et donc appelées à soigner des blessures parfois sanglantes, ou qu’elles œuvrent dans un milieu plus cartésien, comme l’évaluation des joueuses, les femmes qui œuvrent dans la LHJMQ le disent toutes : une touche féminine, ça peut sois sage.
Photo courtoisie des Olympiques de Gatineau
Noémie Chartier-Lefrançois
Thérapeute
« Je pense qu’on me considère un peu plus comme la maman de l’équipe ou comme la grande sœur que ne le sont mes collègues masculins », s’amuse Lucie Grandmont, thérapeute en chef du sport au Phœnix de Sherbrooke.
« Nous ne prétendons pas être des hommes, ajoute Noémie Chartier-Lefrançois, qui joue le même rôle avec les Olympiques de Gatineau. Nous sommes des femmes dans un milieu d’hommes. »
« Et une équipe de hockey, c’est un peu comme une famille, poursuit-elle. Dans une famille, il y a une mère, un père, des sœurs, des frères… Je pense que cela apporte certaines positions différentes, mais surtout, une approche différente, ce qui est bénéfique au sein d’une équipe. »
Attention aux petits détails
L’histoire est similaire avec Katerine Aubry-Hébert.
Bien qu’elle ne soit pas directement impliquée auprès des joueuses, la dépistrice dit parfois voir des différences entre sa façon de travailler et celle de ses collègues masculins.
“Je pense que parfois je fais plus attention aux petits détails”, note-t-elle. Et le fait d’être une femme transparaît aussi dans ma façon de communiquer. »
D’ailleurs, notent toutes les thérapeutes, les sportives sont de plus en plus habituées à cette approche féminine.
« La personne qui était là avant moi était aussi une femme, raconte Mariane Allard, du Drakkar de Baie-Comeau. Et il y a beaucoup de joueurs qui ont l’habitude d’être traités par des femmes au hockey mineur. »
Balises : Junior supplémentaire lieu parmi hommes