Résidences pour aînés : ces redoutables chutes qui mènent au tombeau

Résidences pour aînés : ces redoutables chutes qui mènent au tombeau
Résidences pour aînés : ces redoutables chutes qui mènent au tombeau

Au Québec, les chutes sont la première cause de décès accidentel (68,36 % des cas déclarés), loin devant les erreurs de médication (2,18 %).

Derrière ces personnages, des histoires intimes racontent la peur des habitants et de leurs familles. Une chute peut vite changer la trajectoire d’une vie, se souvient avec tristesse Nicole Di Meo, dont la mère de 95 ans a perdu toute son autonomie après avoir chuté en janvier dans son RPA suite à une erreur professionnelle.

Lors d’un voyage, le préposé aux bénéficiaires qui l’accompagnait utilise une technique inappropriée et ne parvient pas à l’empêcher de tomber. Une caméra CCTV a capturé la scène où l’aînée s’est effondrée à côté de sa marchette, alors qu’elle se déplaçait pour aller souper.

Une fracture du fémur l’a emmenée à l’hôpital où elle a été opérée, mais son état de santé ne s’est pas amélioré. Au contraire, il va de mal en pis depuis l’accident, déplore sa fille.

Placée dans un CHSLD après son opération, Marcelle ne marche plus et parle à peine, sa fille s’indigne.

Photo : Radio Canada

Cela me fait ressentir beaucoup d’émotions car je sais que si la bonne technique avait été utilisée, ma mère marcherait encore, partage Mme Di Meo, des trémolos dans la voix. Elle vivrait une meilleure fin de vie qu’elle ne vit actuellement.

Une petite erreur comme celle-là, petite mais finalement énorme, a changé le cours de la vie de ma mère en un instant. »

Une citation de Nicole Di Meo, fille d’un habitant qui a fait une chute

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) établit qu’annuellement plus de 15 000 patients âgés de 65 ans seront hospitalisés à cause d’une chute.

le sommet de l’iceberg

Les soignants ou les préposés doivent être à côté d’un receveur et placer doucement une main sur le bas du doscommente Caroline Arbour, professeure agrégée de sciences infirmières à l’Université de Montréal.

La résidence pour personnes âgées Lilo de L’Île-Perrot, où s’est produit l’accident, a congédié l’employé concerné, arguant quemalgré toute notre bonne volonté et une formation rigoureuse, [elle] n’a pas respecté l’esprit et la lettre des normes de qualité en vigueur au Groupe Maurice.

Si cette malversation a été confirmée par caméra et relayée dans les médias, bien d’autres passent sous le radar. Les cas où l’accident n’a pas de conséquence pour l’usager (appelés gravité C ou D) n’ont pas à être déclarés, précise le MSSS.

Selon les données officielles, le réseau de santé publique du Québec a enregistré 182 377 chutes et quasi-chutes dans le cadre de la prestation de soins aux personnes âgées en 2020-2021.

La sous-divulgation est encore une réalité très présente dans le système de santé […]. Ce que nous voyons n’est probablement que la pointe de l’iceberg, exhorte l’avocat Patrick Martin-Ménard, spécialisé en droit de la santé.

Les deux situations les plus fréquemment rapportées pour les chutes sont les suivantes : le résident a été retrouvé au sol (42,20 % des cas), ou la chute s’est produite alors que l’usager circulait dans l’établissement (23,80 %).

C’est un pourcentage stable avec les données des dernières années, mais dont la tendance à la hausse est à surveillermet en garde le rapport ministériel.

Quelles solutions gouvernementales ?

Face au vieillissement croissant de la population, le sujet est un problème de santé publique. Selon les données publiées par leINSPQles chutes sont responsables de 21 644 décès au Québec entre 2000 et 2019, ce qui correspond à une moyenne de 1 082 décès par année.

Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 91,9 % de ces décès.

JE’INSPQ estime également que parmi le million de personnes âgées de 65 ans et plus vivant encore à domicile, un tiers chutera au cours de l’année.

Au Québec, des orientations ministérielles ont été adoptées en 2004 et mises à jour en 2016, bien avant la pandémie et le scandale des CHSLD.

Dans ses derniers commentaires sur le sujet, leINSPQ a rappelé que les chutes sont un facteur prédictif de perte d’autonomie.

Ils doivent donc être combattus puisqu’ils sont évitables grâce à des interventions qui ont démontré leur efficacité.a recommandé l’organisme public, dans un communiqué mis à jour sur son site en 2022.

D’après les informations de Jean-Philippe Hughes

L’article est en français

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