« Le devoir de tout écrivain est de parler de sa société sans l’embellir ni la dénigrer » – .

« Le devoir de tout écrivain est de parler de sa société sans l’embellir ni la dénigrer » – .
« Le devoir de tout écrivain est de parler de sa société sans l’embellir ni la dénigrer » – .
L’écrivain islandais Arnaldur Indridason, à Lyon, en 2017. MARCELLO MENCARINI / OPALE

D’habitude, il n’aime pas s’éloigner de son île, mais cette fois il a fait une exception. “J’ai échappé aux terribles tempêtes de neige qui ont balayé Reykjavik, aucun avion n’a pu décoller depuis cette nuit-là”, confie d’emblée Arnaldur Indridason. Heureusement pour nous, le sien est arrivé la veille.

Dans l’hôtel parisien où il séjourne, le maître du thriller islandais, traduit dans vingt-six pays, s’installe dans un fauteuil un peu étroit pour sa stature de viking. Et en plaisantant : « Je ne comprends pas les touristes qui visitent mon pays en hiver, alors que le jour se lève à peine. En ce moment, j’ai plutôt envie de m’envoler pour Tenerife ! » Une île aussi volcanique que la sienne, ce n’est pas un hasard.

Indridason a l’Islande dans la peau, et c’est une nouvelle facette de son histoire qu’il évoque dans Le roi et l’horloger (qui paraît en France chez Métailié, comme tous ses livres). Car il se permet parfois de négliger les enquêtes criminelles le temps d’un roman historique. Ce, « autant par besoin de m’accorder une pause que pour relever un autre défi d’écriture »il explique.

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Au XVIIIe siècle, Jon Sivertsen, un modeste horloger islandais immigré à Copenhague, entreprit de réparer une horloge délicate rappelant celle de la cathédrale de Strasbourg, conçue par le Suisse Isaac Habrecht (1544-1620). Dans les couloirs du palais de Christiansborg, il rencontre le roi Christian VII, réputé fou. Lors de leur rencontre, il lui raconte le destin tragique de son propre père, en Islande, alors sous domination danoise.

Cette histoire s’inspire de personnages réels et d’un procès pour “usurpation d’identité”, qui fit grand bruit au 18e siècle, dans les Westfjords. “Je l’ai découvert en feuilletant un livre d’histoire, note l’écrivain. J’ai tout de suite su que j’avais un bon sujet. » Si cette infidélité au polaire n’est pas la première, jamais Indridason n’était remonté aussi loin dans le passé de son île. Ses lecteurs ne seront cependant pas dépaysés : le roman, comme tous ses livres, profite du détour par l’histoire pour brosser un portrait sans fard de l’Islande, loin du cliché égalitaire et pacifique en vigueur à l’étranger. « Le devoir de tout écrivain est de parler de sa société sans l’embellir ni l’avilir. Pour ce faire, il peut remonter n’importe où dans le temps. »

« La mémoire collective des Islandais »

Là encore, ses personnages ont en commun d’être hantés par la disparition, sur fond de forte intrigue sociale. Une veine inspirée de Maj Sjöwall et Per Wahlöö, deux auteurs suédois des années 1970 (éditions Rivages) qu’il cite comme ses maîtres. “Ils ont créé un personnage de flic ordinaire [l’inspecteur Martin Beck] et ont transformé le roman policier en y greffant une critique sociale sans concession de leur pays »raconte cet historien de formation, devenu journaliste puis critique de cinéma avant de se lancer dans la création de romans.

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