le cauchemar de Camille, qui dénonce une agression sexuelle par son patron – .

le cauchemar de Camille, qui dénonce une agression sexuelle par son patron – .
le cauchemar de Camille, qui dénonce une agression sexuelle par son patron – .

« Merde, Camille, ça va faire du bruit à Paris. Surtout, cela ne doit pas arriver ! « Ce matin du 1er mars 2018, la jeune salariée de 26 ans, encore sous le choc de ce qui vient de lui arriver, ne saisit pas tout de suite la portée des propos de son supérieur – son « N+2 ». La phrase, qui ressemble à une injonction, se révélera lourde de sens.

À peine une semaine plus tôt, elle avait pourtant rejoint avec enthousiasme OMD, la filiale française du géant de la publicité Omnicom, son tout premier emploi. Ce même patron, son recruteur, l’avait aussitôt invitée à le suivre au salon international du mobile à Barcelone.

Salon professionnel, ambiance granuleuse et collègue nu

Sur place, la soirée est très arrosée, l’ambiance un peu graveleuse. Camille finit par se coucher, seule, à 2h30 du matin. Mais quatre heures plus tard, elle se réveille et remarque la présence d’un inconnu qui ronfle… dans son lit.

Elle prévient son N+2. Elle constate que ce dernier l’a bombardée de messages durant la nuit pour continuer la soirée avec lui. Malgré tout, pensant trouver de l’aide, elle le rejoint dans sa chambre. Selon son histoire, il l’a ensuite embrassée et lui a touché la poitrine. Elle le repousse, quitte les lieux. « Pffff déception », lui envoie-t-il.

Sur les conseils de son patron direct (N+1), également présent sur le salon, Camille demande à la réception de l’hôtel de faire expulser l’intrus – en fait, un employé de la filiale anglaise d’Omnicom. Tous ensemble, ils visionneront même les images de vidéosurveillance : à 5h15, on voit le Britannique tout nu, débardeur excepté, sortir de l’ascenseur et entrer directement dans la chambre de Camille. Il dira cependant qu’il ne la connaît pas.

“C’est là que j’ai réalisé qu’il ne portait rien là-bas et que les choses étaient potentiellement très graves”, raconte la jeune femme. D’autant que des traces de sperme sont découvertes dans les draps par la police catalane. C’est là que, en larmes, elle prévient son N+2 qu’elle va à l’hôpital… et que ce dernier lui dit de ne pas faire de « chichi ».

“Est-ce que tu trompes souvent ton copain comme ça ?” »

A peine sortie, son supérieur immédiat l’accompagne dans l’avion du retour. “A aucun moment il ne m’a proposé de rester pour porter plainte ou attendre les résultats. Au contraire, il posait des questions pour savoir si j’avais l’intention d’en parler », se souvient-elle. “J’espère qu’on pourra en rire dans quelques mois”, ose son N+2 à l’aéroport. « Il a pris ça comme une blague, il a même dit : Est-ce que tu trompes souvent ton copain comme ça ? »

Le lendemain, Camille est arrêtée par son médecin. Elle avise le directeur des ressources humaines qui lui répond qu’ils se rencontreront à son retour. Camille est alors en stage, mais inquiète du comportement de son recruteur, décide de dénoncer ses agissements à OMD. En tout, elle enverra quatre lettres, dont une écrite par un avocat. Camille affirme n’avoir reçu aucune réponse.

Son supérieur prétend que c’est elle qui voulait l’embrasser

Entre-temps, elle a porté plainte à Paris pour viol contre la salariée britannique et agression sexuelle aggravée contre son N+2. Elle a obtenu 30 jours d’interruption totale de travail (ITT). Lors des confrontations, l’employé anglais dira qu’il ne se souvient de rien. Quant à son supérieur, il expliquera que c’est au contraire Camille qui a tenté de l’embrasser. L’enquête n’ira pas plus loin.

C’est alors qu’OMD s’est enfin présenté à Camille. « Le coursier s’est appuyé sur le classement sans suite pour affirmer que les faits n’avaient pas eu lieu et ils ont même porté plainte contre mon médecin pour faux ! Tout a été fait pour m’intimider. Suivie par un psychiatre, toujours en garde à vue, Camille finit par quitter l’entreprise en novembre 2018.

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Elle découvrira alors, grâce à une enquête de Mediapart, que, très rapidement, OMD a en réalité saisi le tribunal des affaires sociales pour tenter de contester la réalité de son accident du travail, en vain. L’avocate a ainsi pu soutenir « qu’aucun SMS (…) ne permet d’établir qu’elle s’est alors sentie en danger ou victime ». « Un employé a même affirmé que j’aurais embrassé quelqu’un lors d’une soirée en boîte de nuit ! enrage Camille.

“Aucune enquête interne n’a été ouverte, alors que c’est la loi”

“Non seulement l’entreprise est responsable de ce traumatisme, mais elle ne fait qu’empirer les choses en essayant de me détruire et de me discréditer”, dénonce-t-elle, inquiète que ces méthodes puissent être utilisées contre d’autres. « Aucune enquête interne n’a été ouverte, alors que c’est la loi, la salariée de la filiale anglaise a été promue… Alors que le groupe communique sur l’inclusion et l’égalité femmes-hommes ! »

Outre une plainte avec constitution de partie civile dans une procédure pénale – une enquête est en cours – Camille a saisi Me Maude Beckers pour faire reconnaître la rupture de contrat comme un licenciement chez les Prud’hommes. « Ce qui est extrêmement révélateur dans cette affaire, c’est le cynisme dont a fait preuve l’entreprise en violant totalement ses obligations de prévention et de sécurité. Son seul et unique geste a été au contraire de bafouer les droits les plus élémentaires de ma cliente en remettant en cause l’existence de son accident du travail », explique l’avocat.

Contacté, Omnicom a déclaré que le groupe n’avait fait “aucun commentaire sur la procédure judiciaire en cours”.

L’article est en français

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