23/05/2023 – CANNES 2023 : L’arrivée de l’IA générative ouverte aux utilisateurs est un changement sans précédent pour la création, mais menace aussi le droit d’auteur
Cet article est disponible en anglais.
Armand Joulainlongtemps directeur de la recherche scientifique au Meta (qu’il a quitté il y a une semaine), a ouvert la table ronde “Quel avenir pour la création cinématographique à l’heure de l’intelligence artificielle ?”, organisée par la SACD et le CNC au Festival de Cannes Film Festival, avec l’explication suivante : « Les IA génératives produisent de nouvelles images et de nouveaux textes à partir de quantités gigantesques de données. Pour donner un exemple, les IA peuvent écrire des scripts mais à partir de données, c’est-à-dire à partir de scripts existants. incroyable de rendre ces outils créatifs accessibles à tous. Mais nous sommes très conscients des risques de générer des contenus agressifs ou toxiques et nous savons qu’il devient de plus en plus difficile de détecter les contenus générés par l’IA.”
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A cette menace s’ajoute une autre, concernant le droit d’auteur : qui est le propriétaire d’une œuvre générée par un créateur utilisant l’IA ?
Laurence Fareng Le député européen (commission de la culture, de l’éducation, de la jeunesse et des sports) a confirmé que “depuis avril 2021, les commissions européennes du marché intérieur et des libertés civiles travaillent sur un cadre pour l’utilisation de l’IA. Un premier texte sera proposé en juin à la commission européenne Parlement. Pour l’instant, il s’agit d’interdire les IA manipulatrices d’informations (notation sociale à la chinoise), et de réguler les IA à haut risque (reconnaissance faciale, santé publique). Ce n’est que le début d’un long travail, parce que le texte prend aussi en compte la création culturelle.”
Alexandra Bensamunjuriste spécialiste de ces questions, a souligné que « le monde de la culture doit rester très attentif à cette orientation, qui aura des effets sur la propriété intellectuelle. Il est indispensable d’imposer une notification obligatoire et systématique lorsqu’un contenu a été généré par une IA, et de mettre à disposition un résumé des données utilisées par l’IA pour une œuvre lorsqu’elle est protégée par le droit d’auteur.”
Gilles Gaillard (Animaj) est plutôt pessimiste : « Nous utilisons l’IA depuis longtemps dans les effets spéciaux. Il me semble difficile de freiner le mouvement actuel. » En tant que producteur, lorsque je signe un contrat d’écriture avec un scénariste, si sa création est co-généré par une IA, on peut être accusé de plagiat. C’est un énorme souci juridique.”
Simon Bouisson est un créateur qui a très tôt utilisé l’IA pour ses scripts, notamment lors de sa résidence à la Villa Albertine à Los Angeles. “C’est un outil d’imagination, avec lequel je travaille quand je travaille en anglais. L’IA nous interpelle en nous donnant des idées. En 2022, ce que Chat GPT me proposait était inventif, mais aujourd’hui c’est beaucoup plus consensuel. J’ai demandé à l’américain chercheurs avec lesquels je collaborais pour alimenter l’IA avec mes 100 scénarios préférés, mais légalement c’était déjà impossible. De toute façon, la machine manquera toujours de narration humaine et d’obsession thématique.”
Stéphane Sitbon Gomezdirecteur des antennes et des programmes de France Télévisions, rappelait que « les IA ne sont pas intelligentes. Elles ne font que réinterpréter des données et des comportements existants. Nous sommes entrés dans une civilisation de la captation de l’attention du consommateur et pour cela, l’IA est aussi une technique redoutable. “Nous voulons vivre dans ce monde ? Un outil aussi puissant doit avoir un but.”
Aujourd’hui, la lenteur des législateurs n’a d’égale que la vitesse de développement de l’intelligence artificielle. Mais la juriste Alexandra Bensamoun reste optimiste : « Il ne faut pas s’inquiéter de la lenteur de la loi. Lorsqu’un besoin social se fait jour, il est souhaitable que la loi ait le temps de réfléchir. » Laurence Farreng, députée européenne, a conclu sur la démocratie : « Il est à nous de choisir notre société, lieu de justice, d’éducation et de liberté d’expression. Nous définissons la frontière de nos libertés, car ce qui nous différencie de l’IA, c’est la conscience. “
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