Quand je vais à prix théâtre-cirque de Madrid Je ne vais pas directement au siège, je me promène plutôt dans les couloirs. Elles sont ornées de photos en noir et blanc des artistes qui sont passés par le Prix originel, celui où se dresse aujourd’hui le Ministère de la Culture (quel paradoxe, l’ancienne écurie du cirque a été démolie pour construire le siège d’une banque qui fut ensuite occupée par un ministère, pour rappeler que la culture a ses racines dans le cirquemais nécessite des capitaux).
Je parcours les photos et reste rivée aux portraits des clowns. En général ce sont des trios à la manière classique, mais pour moi Je ne m’intéresse qu’à celui avec un visage blanc, des oreilles rouges et un seul sourcil noir, celui qui porte habituellement une casquette conique et porte un costume voyant et élégant qui arrive jusqu’aux genoux et est parsemé de paillettes. Ce clown est également connu sous le nom de ‘clown intelligent’pour le différencier des deux autres, son contrepoint, les augustes, ceux avec des perruques, des nez rouges, des souliers énormes et des vêtements bizarres, qui nous font rire avec leurs gaffes et leurs idées folles qui mènent au désastre. Le clown à face blanche est un descendant de la Commedia dell’Arte. Il a été popularisé en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle par certains Italiens. Représente la loi, l’ordre, le monde des adultes, la répression…
Peur d’échouer
Clowns pour beaucoup d’enfants de mon temps, s’ils nous faisaient rire, ils nous instillaient aussi la peur. Peur d’être soi-même clown, c’est-à-dire celui qui échoue, celui qui casse, celui qui ne sait pas suivre les consignes, celui qui sort des sentiers battus et qui se fait gronder. Du moins c’était mon sentiment quand à la télé j’ai vu Gaby, Fofó et Miliki faire un gâchis de nez avec la précieuse collaboration de M. Chinarro. Cela a généré une tension insupportable pour moi de casser des chosescela perturberait l’ordre établi. Je ne pouvais pas m’identifier à eux, ou peut-être que je me suridentifiais et souffrais des conséquences et des punitions que j’imaginais pour un comportement aussi bizarre.
C’est pourquoi le caractère soigné et distingué du clown malin m’a rassuré, non pas parce qu’il était malin, mais parce qu’avant il était accueillant et compatissant aux farces des autres et il ne se plaignait pas si de temps en temps il recevait aussi une tache de crème sur le visage. Les troupes de clowns étaient souvent des frères dans la vraie vie et cela me consolait de voir que, malgré les bêtises, ils professaient de l’affection et acceptaient les maladresses de l’autre. Et puis il y avait la beauté de cette tenue impeccable, les bas blancs, les chaussures raffinées.
le dernier costume
Ma passion est telle que je rêve que mon dernier costume, celui que je porterai dans la boîte ouverte lors de ma veillée, sera une robe de clown colorée prête. Ce serait un beau coup d’effet Dis au revoir à ce monde enveloppé de lumière et de brillance de mes clowns à face blanche admirés. La famille et les amis désemparés n’auraient pas la chance de pleurer. Ils seraient stupéfaits de me voir comme ça. quel clown
J’ai demandé à un artiste de cirque où ils vendaient ces costumes. Ce sont des vêtements luxueux, délicatement confectionnés sur mesure et il semble qu’en Espagne il y ait ou ait eu un grand tailleur basé à Barcelone. Je n’ai jamais pu localiser cet enseignant, à cause du cirque et de son histoire, de ses professionnels, contrairement à d’autres arts, on en sait encore très peu. J’ai à peine réussi à comprendre ce que le tailleur principal était le Français Gérard Vicaire décédé en 2018 à l’âge de 91 ans. Entre 1947 et 1993, il a réalisé des centaines de modèles pour carablancas de tout le monde. La Maison Vicaire, quel paradis. j’ai lu ça dans le Circusland de Besalú conserve 27 d’eux.
Charlie Rivel
Actualités liées
Être un clown n’a qu’un secret: être prêt à montrer ses lacunes et ses défauts devant l’autre. C’est pourquoi il est difficile, il ne peut pas être truqué, il est né d’une réelle vulnérabilité. Chaque clown a le sien et pour perfectionner son art il doit l’explorer. Nous ne sommes pas tous intéressés. Ça nous donne le vertige et l’angoisse d’affronter nos faiblesses. Ils nous font honte. Nous préférons les cacher. C’est pourquoi les clowns et les clowns existent, pour révéler au reste ce qui est brisé, perdu, désordonné en nous. Ils incarnent notre désarroi, notre petitesse, sans défense devant l’humiliation et le jugement des autres. Comme Charlie Rivel, mon autre clown préféré, que mon père aimait tant. Son numéro consistait à jouer de la guitare et à pleurer fort. Dans une maison où pleurer n’était pas courant, c’était beau de voir la tristesse exposée sur la piste de cirque comme quelque chose qui pouvait être partagé.
Pour cela, ne me parle pas de films d’horreur avec des clowns. Ils m’indignent. La peur du clown est une chose très différente. C’est la peur de ce que nous avons nous-mêmes qui est fragile et imprudente.