09/04/2023 – VENISE 2023 : Le Turc Selman Nacar confirme toute sa puissance grâce à un thriller judiciaire intimiste doté d’un scénario qui sait très bien cacher son jeu et faire un commentaire social pointu
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« Pour que la justice se manifeste pleinement, je vous invite à y réfléchir avant de porter un jugement. » Très remarqué en 2021 avec son premier long métrage Entre deux aubes [+lee también:
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entrevista: Selman Nacar
ficha de la película], Selman Nacar est déjà de retour avec un nouvel opus tout aussi bien réalisé, Blessure d’hésitation [+lee también:
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entrevista: Selman Nacar
ficha de la película], projeté dans la compétition Orizzonti de la 80ème Mostra de Venise. Tout en creusant une nouvelle fois les questions d’éthique, de morale, de conscience personnelle, les zones grises entre vérité et mensonge, ambitions et renoncement, le réalisateur turc dresse, par petites touches très réalistes, le portrait d’un pays qui prend l’eau. Il démontre également un formidable sens du suspense et des effets de surprise que son protagoniste, l’entêté avocat Canan (Tulin Ozen), vivra à ses dépens, dans une remise en question quasi permanente de toutes ses certitudes, celle qui n’aime rien tant que contrôler chaque situation.
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C’est le jour du procès dans la petite salle d’audience d’Uşak (une ville au cœur de la Turquie, sur la route reliant Izmir à Ankara). A l’aube, une camionnette pénitentiaire a quitté la prison, transportant l’accusé Musa (Oğulcan Arman Uslu). Canan, qui s’occupe de sa défense, arrive directement de l’hôpital où elle assure la surveillance, se relayant jour et nuit avec sa sœur Belgin (Gülçin Kültür Şahin), leur mère plongée dans le coma et pour qui commence à se poser la douloureuse question (rejetée par Canan) de l’arrêt des machines et du don d’organes.
Fière et très déterminée (« Je me battrai jusqu’au bout »), la jeune avocate, diplômée au Royaume-Uni et seule femme parmi les hommes dans cet espace juridique, prépare au public un client renfermé qui préfère écouter des paroles sombres. rap local (“la victoire la plus spirituelle, arrête de ramper et de mettre fin à ta vie… le chagrin te dévorera, le prix à payer ne finira jamais, on ne rêve pas d’un tel endroit, on n’a pas le droit de se tromper »). Nous ne savons pas encore de quoi il est accusé, mais Canan est confiant, pariant sur des images de vidéosurveillance du bureau étrangement effacées et sur un témoin inédit. Lorsque cette dernière ne se présente pas et grâce à un report accidentel de l’audience de quelques heures, elle part à sa recherche…
Distillant habilement des micro-indices qui seront utilisés bien plus tard dans l’intrigue, Selman Nacar bourre son film d’informations trompeuses et de demi-vérités dans une très subtile variation de nuances et d’ambiances qui dessinent peu à peu le portrait individuel et collectif (d’une femme, une famille, un système juridique, des classes sociales différentes, des mœurs, etc.) d’un profond effondrement. Tous ces éléments sont parfaitement entrelacés et masqués dans une enveloppe de thriller et de mystère, faisant du scénariste-réalisateur un expert en détection et un nom à surveiller de très près à l’avenir.
Blessure d’hésitation a été produit par les sociétés turques Fol Sinema, Karma Films et Kuyu Film, coproduites par leurs collègues de TRT, BKM Mutfak et Sev Yapim, ainsi que par les espagnols Nephilim, les roumains Point Film et les français Arizona Films. La société américaine Magnolia Pictures International gère les ventes internationales.
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