
OTTAWA –
Près de la moitié du Fonds de croissance du Canada destiné aux investissements dans les technologies propres sera alloué à des contrats spéciaux destinés à donner aux entreprises la confiance dont elles ont besoin pour réaliser des investissements majeurs afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a profité de sa mise à jour économique de l’automne pour confirmer que le fonds – qu’elle a lancé il y a un an dans l’énoncé économique de l’automne 2022 – serait le principal instrument permettant de conclure des contrats carbone pour la différence.
Elle a déclaré que jusqu’à 7 milliards de dollars sur les 15 milliards de dollars seraient réservés à des contrats sur différence, dont certains sont déjà en cours de négociation.
Les contrats reconnaissent que les entreprises prennent la décision d’investir dans des choses qui réduisent leurs émissions de carbone en fonction du montant qu’elles s’attendent à payer pour le prix du carbone sur plusieurs années. Ces investissements ne sont judicieux que s’ils coûtent moins que ce que l’entreprise paierait en tarification du carbone sans cette technologie.
Si le système de tarification du carbone change à l’avenir, les investissements réalisés par les entreprises pour éviter de le payer pourraient devenir beaucoup moins lucratifs. Les contrats pour la différence sont une sorte de police d’assurance contre la baisse ou l’élimination du prix du carbone, rendant les investissements dans les technologies propres moins risqués.
Freeland lance l’idée de contrats carbone pour la différence depuis plus d’un an, alors que les grandes sociétés énergétiques, en particulier, recherchent un soutien supplémentaire pour rester compétitives face aux subventions massives proposées dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l’inflation.
Elle a déclaré mardi qu’elle voulait que les Canadiens sachent qu’aucun autre pays n’est plus en concurrence avec les États-Unis pour les investissements dans la transition vers les technologies propres.
“Nous sommes dans une course et nous sommes déterminés à détenir le podium. Et c’est ce que nous avons vu dans le budget du printemps, et c’est ce que nous voyons dans cette mise à jour économique”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse juste avant le dépôt du budget. l’échec de la mise à jour à la Chambre des communes.
“C’est un plan pour attirer les investissements. C’est un plan pour la transformation économique, pour la transformation industrielle. Par-dessus tout, c’est un plan pour de bons emplois pour les Canadiens d’aujourd’hui et de demain.”
Ces contrats pourraient être la dernière pièce du puzzle dont les grandes compagnies pétrolières ont besoin pour commencer à construire des projets massifs de captage et de stockage du carbone, qui sont essentiels si le Canada veut avoir une chance d’atteindre ses prochains objectifs d’émissions.
La Pathways Alliance, un regroupement des plus grandes sociétés canadiennes d’exploitation des sables bitumineux, travaille à de tels projets, mais elle recherche un soutien plus important que celui offert dans le cadre d’un nouveau crédit d’impôt pour la technologie.
La politique libérale de tarification du carbone se trouve sur un terrain politiquement fragile depuis des années, au milieu de vives critiques des conservateurs.
Au cours des dernières semaines, le chef conservateur Pierre Poilievre a décidé de cadrer les prochaines élections autour de ce sujet, même si celles-ci pourraient encore avoir lieu dans près de deux ans.
La décision récente des libéraux de suspendre pendant trois ans le prix du carbone sur le mazout domestique a été perçue par certains experts comme un signe qu’eux-mêmes reculaient par rapport à l’une de leurs politiques phares, introduisant ainsi davantage d’incertitude dans le système.
La mise à jour de l’automne promettait également des progrès sur les crédits d’impôt annoncés précédemment pour la transition vers les technologies propres, avec une législation visant à créer des crédits d’impôt pour le captage et le stockage du carbone et les technologies propres attendue dans les prochaines semaines.
Le document indique également qu’un programme de garantie de prêt autochtone tant attendu sera mis en place pour permettre aux communautés autochtones d’accéder au capital dont elles ont besoin pour participer à de grands projets énergétiques.
Cependant, la déclaration ne précise pas si les garanties seraient offertes pour les projets pétroliers et gaziers ainsi que pour les nouveaux projets d’énergie propre.
L’industrie et les communautés ont demandé cette inclusion.
Une garantie de prêt autochtone protégerait les prêteurs contre d’éventuels défauts de paiement en incluant une disposition selon laquelle un tiers – dans ce cas, le gouvernement fédéral – paierait la facture en cas de défaut de l’emprunteur.
Des garanties de prêt autochtones sont déjà disponibles en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, mais l’absence d’un programme fédéral a conduit à des critiques de la part de l’industrie et des dirigeants des Premières Nations, selon lesquelles les lacunes juridictionnelles entravent le développement économique.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 21 novembre 2023.