Où sont passés les enfants de la ville ? – .

Où sont passés les enfants de la ville ? – .
Où sont passés les enfants de la ville ? – .

Vous souvenez-vous de l’âge auquel vous êtes sorti seul dans la rue pour la première fois ? Si vous êtes un parent, il y a de fortes chances que ce grand moment d’autonomisation se soit produit beaucoup plus tôt que pour vos propres enfants. Les enfants célibataires ont pratiquement disparu des villes. Un chiffre suffit à donner la mesure du phénomène : en France, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, 97 % des élèves du primaire sont accompagnés pour aller à l’école, 77 % de ceux du collège, selon un Harris Interactive enquête pour l’Unicef ​​réalisée en 2020. Dans un texte intitulé “Les risques de la rue”, disponible en ligne, le ministère de l’Intérieur recommande même aux parents d’éviter toute sortie non encadrée des enfants, telle une sorte d’institutionnalisation des peurs collectives : “Assurez-vous qu’il ne soit jamais seul. Faites-le accompagner par une personne de confiance. »

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Comment et pourquoi nos enfants ont-ils disparu des rues de la ville ? Nous avons posé la question à quatre spécialistes d’horizons différents.

Thierry Paquot est philosophe. Il a écrit plusieurs livres traitant de la place des enfants dans le monde et dans la ville, dont son plus récent, pays d’enfance (Terrain urbain, 254 pages, 20 euros).

Clément Rivière est maître de conférences en sociologie à l’Université de Lille, auteur de Leurs enfants en ville. Enquête auprès des parents à Paris et Milan (Presses universitaires de Lyon, 2021).

Anne-Marie Rodenas a fondé le Cafézoïde – Café des enfants à Paris 19equi fête ses 20 ans le 18 septembre. Un lieu associatif où tous les enfants de 0 à 16 ans sont libres de venir jouer, discuter, travailler à leur guise.

Serge Tisseron est psychiatre et psychanalyste, membre de l’Académie des technologies. il vient de publier Le déni ou l’usine de l’aveuglement (Albin Michel, 256 pages, 21,90 euros).

Les enfants de la ville sont-ils devenus des enfants d’intérieur ?

Thierry Paquot Oui. Ils sont devenus les enfants d’un intérieur qui n’est pas forcément celui de l’appartement mais celui des activités extrascolaires : le conservatoire, le sport, les arts plastiques… C’est-à-dire qu’ils sortent pour se réenfermer. Les enfants sont confinés. Depuis deux ans, le mot est un peu galvaudé, mais c’est comme ça.

C’est une évolution qui concerne l’ensemble de la société. Il faut absolument profiter du temps. Les adultes et les enfants ont perdu l’usage de aucun homme n’a le temps : temps pour rien, comme l’ennui, l’attente, la sieste. Ces temps morts sont très précieux, mais ils sont stigmatisés par la société de l’efficacité.

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