perdre de l’argent avec des prix stratosphériques », la chronique de Gaspard Proust – .

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Peut-être avez-vous déjà entendu parler, cher lecteur, d’une société qui s’appelle EDF. Le genre de boîte, vous savez, que la culture économique française désigne un peu trop vite sous le vocable de « phare national ». Ce terme est très pratique pour le petit actionnaire. En général, quand il entend ce mot, il sait que c’est la dernière case dans laquelle il doit placer ses billes. Pour cause, car un flagship désigne presque toujours une entreprise aux compétences majeures qui, abandonnée entre les mains des politiques, finira tôt ou tard dans un platane. C’est une loi de la nature : mettre un politicien à la tête d’un McDonald’s, dans six mois, il le transformera en roulotte à kebab.

EDF a inventé un concept incroyable : réussir à perdre de l’argent avec un coût de production dérisoire et des prix de marché stratosphériques

Aujourd’hui, EDF est en difficulté. Ses infrastructures sont vieillissantes et elle recherche désespérément des techniciens en soudage. Comme j’ai déjà soudé des micros de guitare, je me suis dit : « Après tout, pourquoi pas moi ? » Alors je vais sur le site d’EDF, je trouve une page dédiée à l’offre « technicien soudeur » et là, feu d’artifice !

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Tout d’abord, notre Fleuron nous explique sans rire que ce métier « constitue une belle opportunité pour un technicien souhaitant participer à des aventures industrielles ». Il faut saluer l’honnêteté intellectuelle d’EDF car c’est vrai, EDF c’est avant tout une aventure. Quand l’État dépense tant de ressources pour montrer une telle misère, nous avons un Ko Lanta de la fonction publique. EDF va encore plus loin dans la notion d’aventure entrepreneuriale puisqu’il a inventé un concept incroyable : réussir à perdre de l’argent avec un coût de production dérisoire et des prix de marché stratosphériques. Ce coffret est un Hermès à l’envers. Comme dirait l’autre, « Champion du moooooonde ! Mais ce n’est pas tout.​

Si on laisse aux analphabètes le soin de faire les annonces indispensables, faut-il en conclure que ce sont les aveugles qui réparent les fuites sur les réservoirs ?

On savait que l’arrêt des réacteurs et les fuites à colmater étaient les symptômes de la désintégration de l’entreprise. Il suffit de lire l’annonce du poste de soudeur pour se rendre compte que les fissures courent jusque dans l’orthographe des publications officielles. Après quelques lignes, on tombe sur une première faille. Admettons. Cependant, ce ne sera qu’un apéritif, car sur la grande annonce, deux obus de la taille d’un EPR au milieu d’une chambre de bonne vous sautent au visage. Si on laisse aux analphabètes le soin de faire les annonces indispensables, faut-il en conclure que ce sont les aveugles qui réparent les fuites sur les réservoirs ?

Cela paraîtra ridicule à certains. Ils diront que nous nous serions habitués depuis longtemps à la décadence de l’orthographe. Cependant, un jeune diplômé voudrait-il rejoindre Goldman Sachs ou Apple si ces entreprises annonçaient sur leurs sites officiels : « Si tu aimes le travail en équipe, rejoins-nous, jeune haut potentiel ! » Il serait faux de minimiser. Nous repérons souvent une arnaque par e-mail lorsque l’orthographe est hésitante. Écrire correctement une langue, c’est un peu comme la parler sans accent. La question se pose alors : qui se cache vraiment derrière EDF ? Avec respect.

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